Rencontre Inter-Associative 2011 d'Espéranto sur la Méditerranée / L'occitan, une langue honteuse ?

L'occitan, une langue honteuse ?

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Ferriol Macip i Bonet (Farri) est un graphiste et journaliste, espérantiste catalan engagé. Il est le graphiste des revues Kataluna Esperantisto et de Monato. Il a lancé KIS TV. Il fait partie du groupe de musique Kaj Tiel Plu.

En tant qu'occitaniste il a débuté dans la section d'animation de Institut d'Estudis Occitans, enseignant l'occitan dans des camps d'été de 1992 à 97. Actuellement il est rédacteur et présentateur du programme de télévision infòc, à TV Barcelona.

Conférence de Wikipedia Farri

Farri a travaillé plusieurs années en Occitanie comme moniteur dans des camps d'été, dont l'objectif était de permettre aux adolescents et enfants participants de se familiariser avec l'occitan. Quelques parents estiment qu'il serait bon que leurs enfants comprennent la langue de leurs grands-parents, pour qu'ils puissent s'entendre. On cherchait des moniteurrs de Catalogne-Sud pour une raison très claire: comme ils ne sont pas ressortissants français, ils ne sont pas censés savoir parler le français; de plus un catalan peut parler n'importe quel dialecte occitan après un temps d'étude assez court. En fait il suffit de s'habituer à un autre accent et d'utiliser un peu plus d'archaïsmes. Les deux langues sont extrémement ressemblantes. Selon certains spécialistes le catalan fait partie du groupe linguistique occitan.

Au cours de cette conférence Farri présentera quelques anecdotes qui illustrent la situation sociale de l'occitan.

«Désolé monsieur, mais j’y peux rien faire»

Okcitana.jpgParlatz_mai_fort.jpgL'occitan_a_l'escola.jpg Après quelques temps passés en Ocitanie il a vite remarqué que les occitanophones abusent de grossieretés et de jurons, ils parlent fort et de façon très malpolie. Au contraire quand ils parlent français, ils sont très courtois. Et alors il a constaté que l'expression française «desolé monsieur, mais j’y peux rien faire» signifie précisément «va te faire foutre!». Il a souvent entendu cette expression.

La même personne qui a salué d'un «bonjour, Monsieur» très poli, saluera en occitan par un «miladiou! he toi! ça va bien? merde à dieu, putain de fils de pute». Tout dépend de la langue utilisée.

Farri raconte : « Je suis entré dans une vieille boulangerie, dont l'aspect montrait que le pain qu'on pouvait y trouver était de fabrication traditionnelle et savoureux. Dans la boutique il n'y avait qu'une vieille femme toute en noir. Je lui demande un grand pain et, comme je n'avais pas porté de sac, la priai de me donner un morceau de papier pour envelopper le pain. Elle me donna tout cela tout en répétant toute émue mes phrases occitanes et tâchait de bavarder à propos de tout et de rien. Ses yeux se mouillaient et elle me salua par un “Adissiatz adissiatz“ très poli. A peine étais-je sorti de la boutique, que j'entendis une femme qui me poursuivit et m'apostropha d'une voix forte et pleine de colère: “Est-ce-que vous toujours parlez comme ça?” et soudain elle parut, cette quadragénaire, apparemment la propre fille de la vieille. En français et pleine d'acrimonie elle m'accabla de reproches. A ses dires ils avaient mis plusieurs années pour que la grand'mère parle français, ils s'étaient donnés une grande peine pour l'empêcher de parler occitan. Et maintenant mon méfait aurait ruiné le lavage de cerveau de l'ancêtre!»

En Occitanie existent les “Calandretas”, ces écoles où l'on enseigne en occitan. Elles sont peu nombreuses et ne reçoivent aucune aide de l'état. L'enseignement des langues étrangères est aidé, mais l'occitan n'est pas étranger, l'enseignement de la langue française est aidé, mais l'occitan n'est pas le français. “Désolé monsieur, mais j’y peux rien faire.”